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Spermidine, jeûne et longévité


Barbara Philipps - 08/05/2025 - 0 comments

NOUVEAUX RÉSULTATS DE LA RECHERCHE CELLULAIRE

La spermidine est essentielle pour l’autophagie et la longévité induites par le jeûne

Qui ne rêve pas de vieillir en bonne santé, tout en restant alerte et en forme autant que faire se peut ?! Depuis de nombreuses années, la recherche sur la longévité ou le bien vieillir (« well aging ») explore les mesures, mécanismes et substances endogènes qui, pour ralentir le processus biologique du vieillissement et prévenir les maladies typiques, liées à l’âge, seraient à même de nous permettre de nous sentir bien et de vivre le plus longtemps possible en bonne santé. Au nombre des substances produites par l’organisme, dont le rôle dans ce contexte fait actuellement l’objet d’intensives recherches, figure la spermidine. La clinique Buchinger Wilhelmi, à Überlingen, a réalisé une nouvelle étude, publiée dans la célèbre revue spécialisée Nature Cell Biology, qui apporte des conclusions majeures sur le rôle de la spermidine dans le jeûne, contribuant ainsi à expliquer les multiples effets d’une cure de jeûne bénéfiques à la santé.

Qu’est-ce que la spermidine ?

La spermidine est une polyamine biogène, soit une substance produite naturellement par l’organisme, présente dans toutes les cellules du corps humain et dans tous les organismes vivants. Cela dit, certaines bactéries intestinales peuvent également en produire. Devant son nom au fait qu’on la détecta pour la première fois dans le sperme, elle est nécessaire à l’organisme pour déclencher des processus de nettoyage cellulaire, vitaux, la fameuse autophagie.

Tout au long de l’histoire de l’évolution comme chez toutes les espèces, des plantes à l’humain, ce transmetteur fascinant a perduré comme mécanisme universel, lequel, associé au mTOR, un régulateur central de la croissance et du métabolisme cellulaires, ajuste avec précision les réactions des cellules à leur environnement.

Comment agit la spermidine ?

En 2018, une étude publiée par les universités d’Innsbruck et de Graz montrait déjà qu’une alimentation riche en spermidine pouvait influencer positivement l’espérance de vie et la santé cellulaire. D’autres études se sont penchées par la suite sur l’action de la spermidine sur les performances cognitives d’organismes modèles vieillissants, les inflammations chroniques, dont l’arthrite, et sur la santé intestinale. Là aussi, les effets constatés se révélèrent positifs. La spermidine est manifestement en mesure de préserver la souplesse des cellules nerveuses comme de stabiliser les télomères, ces « capuchons » protecteurs, situés à l’extrémité des chromosomes, qui raccourcissent et se dégradent avec l’âge.

Bénéfique à la santé, cet effet de rajeunissement cellulaire de la spermidine repose avant tout sur sa fonction de générateur de signaux pour le processus d’autophagie : les protéines mal repliées, les structures cellulaires qui ne sont plus opérationnelles ou qui ne sont plus utilisées vont être dégradées et recyclées en nouveaux composants cellulaires. Seulement voilà, la production de spermidine diminuant avec l’âge (dès 35 ans environ) et le processus d’autophagie s’affaiblissant et devenant de moins en moins performant, l’accumulation de dépôts dans les cellules s’accélère avec le temps, favorisant ainsi l’apparition de différentes pathologies, comme l’artériosclérose, le diabète, le cancer ou encore la démence.

D’où cette question prioritaire sur laquelle se penche actuellement la recherche sur la longévité : peut-on contrer ce phénomène, et, dans l’affirmative, comment ? Est-il possible d’activer, voire de réactiver, la production endogène de spermidine ? Quels sont les effets d’une alimentation riche en spermidine ? Ne serait-il pas judicieux de se supplémenter en compléments alimentaires ciblés ? Le cas échéant, n’existerait-il pas des effets secondaires, indésirables ?

La spermidine et le jeûne

Une étude publiée en 2024 dans la célèbre revue spécialisée Nature Cell Biology, à laquelle participèrent Françoise Wilhelmi de Toledo et Franziska Grundler de la clinique Buchinger Wilhelmi à Überlingen, livra des résultats clés sur le rôle de la spermidine, lors du jeûne. S’appuyant sur des échantillons prélevés auprès de 109 sujets ayant participé à la « Detox-Studie » (Étude détox) et d’un sous-groupe de la plus grande étude jamais réalisée sur le jeûne (une étude observationnelle menée sur un an, en 2016), cette étude permit d’en mesurer la teneur en polyamines et leur métabolites.

L’évaluation de ces mesures révéla une augmentation constante du taux des polyamines au fil du jeûne. Autrement dit, le jeûne, mais aussi le jeûne intermittent ou la réduction calorique, peuvent augmenter de manière significative la concentration de spermidine dans les cellules. En outre, l’équipe découvrit que cette augmentation de la concentration endogène en spermidine était une condition préalable sine qua non aux effets revitalisants du jeûne.

En effet, lors d’essais visant à bloquer la synthèse de la spermidine, l’impact positif du jeûne sur la santé fut réduit à néant, ce qui permit de conclure que la spermidine joue un rôle clé dans l’efficacité des programmes de jeûne. Les résultats de ces travaux mettent en exergue l’existence d’un lien direct entre le jeûne, la concentration en spermidine et une amélioration de l’autophagie, facteur majeur de longévité, autorisant conséquemment à avancer que l’autophagie est aussi activée lors d’un jeûne longue durée pratiqué selon la méthode Buchinger Wilhelmi et que la spermidine pourrait être un marqueur de cette activation.

Les atouts d’une alimentation riche en spermidine

Depuis plusieurs années, les bienfaits sur la santé d’une alimentation riche en spermidine font l’objet de recherches intensives. Toutes les études scientifiques menées jusqu’à présent ont conclu qu’une alimentation riche en sources de spermidine exerce un effet positif sur la santé cellulaire, le système immunitaire et l’espérance de vie, tout en permettant de retarder le déclin cognitif, lié à l’âge.

À noter que la spermidine est présente dans de nombreux aliments, mais souvent en très faibles quantités. Les germes de blé constituent une excellente source de spermidine ; champignons, petits pois, fèves de soja, choux-fleurs, brocolis et pommes de terre sont d’autres bonnes sources végétales moyennement riches en spermidine. Les fromages affinés, comme le cheddar ou le parmesan, sont eux particulièrement riches en spermidine. Cela dit, les coquillages et le gibier renferment également des quantités non négligeables de spermidine.

À l’heure actuelle, les publications spécialisées recommandent un apport journalier de 1 à 5 mg de spermidine. Voici quelques exemples d’aliments permettant de couvrir naturellement les besoins quotidiens :

  • 20 g de cheddar (2 mg de spermidine)
  • 100 g de choux-fleurs (3 mg de spermidine)
  • 150 g de petits pois (10 mg de spermidine)
  • 200 g de fèves de soja cuites (10 mg de spermidine)
  • 15 g de germes de blé en garniture de salade, p. ex. (4 mg de spermidine)

S’avère-t-il judicieux de se supplémenter en spermidine ?

Au vu des résultats de recherche disponibles sur les effets positifs de la spermidine, on pourrait être tenté de recourir à des compléments alimentaires. En effet, pourquoi se lancer dans un jeûne régulier ou suivre un régime alimentaire riche en spermidine, alors qu’il est possible d’obtenir les mêmes effets en prenant simplement une ou deux gélules par jour ? Mais tout n’est pas si simple que ça. En tout état de cause, aucune étude menée chez l’humain n’a jusqu’à présent démontré que la prise de compléments alimentaires à base de spermidine présentait un quelconque bénéfice pour la santé. Comme l’a allégué une étude contrôlée par placebo, menée par l’Institut de nutrition clinique de Lübeck, la spermidine ingérée sous forme de compléments alimentaires, même à des doses plus élevées que celles habituellement contenues dans la plupart des préparations, n’atteint pas les endroits où elle pourrait agir, mais est apparemment métabolisée et dégradée avant.

 

La spermidine présente-t-elle des effets secondaires, indésirables ?

Les études menées jusqu’à présent n’ont révélé aucun effet secondaire négatif, lié à la spermidine naturelle. Si un surdosage résultant de la consommation d’aliments riches en spermidine semble exclu, la Verbraucherzentrale (Association des consommateurs en Allemagne) met toutefois en garde contre la prise à long terme de compléments alimentaires à forte teneur en spermidine, leur effet n’ayant pas encore fait l’objet de recherches suffisamment poussées. Ergo, pour profiter au mieux des effets positifs de cette polyamine sur la santé et la longévité, il est préférable de miser sur un jeûne régulier et une alimentation riche en spermidine.

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